samedi 22 juin 2013

{Ca Jacasse} Futur papa à l'accouchement

Cette semaine, pour notre rendez-vous hebdomadaire de Ca Jacasse, je vais vous parler de mon chéri et de comment il a vécu notre accouchement. J'ai déjà raconté la naissance de ma fille dans un poste précédent, mais cette fois-ci tout sera dit du point de vue du père - histoire que je ne vous serve pas de réchauffé, du moins je vais essayer...



Pendant la grossesse, mon chéri était un homme en transformation. En questionnement. Un papa en devenir. Un chéri présent. Un chéri qui essayait de réaliser ce qui était en train de se passer dans mon ventre. Un futur papa impliqué. Tellement impliqué qu'il a un peu bousculé les choses auprès des professionnels de la grossesse. Il était là à quasiment tous les rendez-vous, à quasiment toutes les échographies. A ma préparation à l'accouchement, il était là. A ma préparation à l'allaitement, il était là (même si la sage-femme aurait préféré que ce ne soit pas le cas). Alors pour moi il était tout à fait logique qu'à l'accouchement il soit là. C'était d'ailleurs primordial, essentiel et impossible qu'il en ait été autrement, au point que j'en faisais des cauchemars cauchemardesques qui me foutaient une trouille de trouillarde. Je lui disais à quel point c'était important pour moi qu'il soit là, qu'il me tienne la main, que j'avais trop peur, que je ne savais, que je n'y arriverai pas toute seule, qu'il fallait qu'il me chante des chansons pour me calmer le moment venu.

Vint le jour de l'accouchement. Un vendredi. Un vendredi programmé puisque notre prunelle est née après avoir été déclenchée. Ca faisait des semaines que chéri se réveillait en sursaut toutes les nuits dès que je manifestais quoi que ce soit: l'envie de faire pipi, un mal de côtes, une respiration un peu plus forte, une crampe, une flatulence... Mais à part ça, il semblait assez calme, en maîtrise de la situation. Arrivés sur place, on nous installe dans une jolie chambre, et tout se passe dans le calme et la douceur jusqu'à ce qu'on décide de venir me percer la poche des eaux au vu de la stagnation des évènements (jusque là, on s'était endormis tous les deux, c'est dire...). 4 personnes s'acharnaient sur mon pauvre col de l'utérus, et la douleur et le malaise ressentis étaient pires qu'à n'importe quel autre moment de ma vie. Alors que les larmes me coulaient sur les joues, chéri, qui jusque là me tenait très fort les mains et me faisait des bisous me chuchote dans l'oreille: "C'est maintenant que je dois chanter?" J'ai éclaté de rire dans ma douleur. C'est qu'il est drôle, mon chéri.

Quelques heures plus tard, vint le moment fatidique. Celui tant attendu: l'arrivée du gynécologue. Lui, près de moi, ses mains dans les miennes, sa tête contre ma tête, et ses mots dans mes oreilles: "tu es la meilleure, tu fais ça très bien, donne tout ce que tu as, tu es merveilleuse." Des mots qui m'ont donné du courage. Qui ont fait que c'était bien plus facile de tolérer la douleur, bien plus facile de donner toute ma force pour qu'elle sorte plus vite. Quand elle est née, il a bravement coupé le cordon, et nous étions tous les trois dans une bulle, ailleurs.

Et puis. Le placenta ne voulant pas se décoller et l'hémorragie ne voulant pas s'arrêter, une horde de médecins arrivèrent pour nous sortir de notre cocon. Ils demandèrent à chéri de retirer son t-shirt pour qu'il puisse être en corps à corps avec sa fille. Moment si intense pour lui. Je l'entends lui dire que tout ira bien, que ça va aller, que tout va très bien aller. Au bout d'un moment, elle cesse de pleurer. C'est là qu'est né le fameux Moonwalk - chéri avait trouvé cette tactique infaillible pour calmer sa petite fille: il se mettait à marcher comme un astronaute, en essayant en fait de reproduire mes pas pour que grenouille se sente bercée comme dans mon ventre. Donc en gros, quand je marchais, je ressemblais à une astronaute? Va comprendre, ça fonctionnait à tous les coups. 

Installée dans ma chaise roulante, on me rends mon bébé et je m'inquiète déjà de comment je vais faire sans lui. La sage-femme m'annonce qu'on nous donne une chambre privée avec un lit pour papa et nous sommes vraiment soulagés de ne pas devoir être séparés. Il passera toute la première nuit à s'occuper de sa fille avec les sages-femmes pendant que moi je reprenais mes forces. 

Après la naissance de petite grenouille, nouveau papa n'a pas mangé. Pendant 3 jours. Tous les jours, il partait à 8h de l'hôpital pour s'empresser de préparer notre prochaine arrivée dans notre nouveau nid où nous avions à peine eu l'occasion de déposer nos cartons et nos meubles démontés. Et tous les soirs, il revenait, sans avoir mangé, nous retrouver toutes les deux. Quand je suis rentrée, tout était parfait. Et lui qui jurait qu'il n'allait prendre que 4 ou 5 jours de congé de son dur labeur d'artiste indépendant n'a pas pu faire autrement de rester dans ce cocon d'amour pendant 10 jours. Dix jours à faire connaissance, avec elle, avec la nouvelle moi et avec le nouveau lui.

Aujourd'hui, petite grenouille a presque 11 mois. Et chéri-papa est un père génial. Impliqué, présent, marrant, sécurisant. Il sait calmer notre fille comme personne. Et il n'arrête pas de dire que ce premier moment, celui où il l'a tenue tout contre lui, en peau à peau, est le plus important de sa vie. Celui qui a posé le terreau de toute la relation qu'il construit jour après jour avec son enfant.

Tu as été et tu es formidable. Je t'aime.


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